L'inquiétante étrangeté de la langue de l'école

De la langue 1 à la langue 2

Pour introduire la réflexion sur le thème « Langue de la famille, langue de l’école », je voudrais évoquer un fragment de dialogue extrait du film de Coline Serreau, St Jacques La Mecque. Il y est question des aventures d’un groupe hétéroclite de 9 personnes réunies autour d’un guide sur les chemins de St Jacques de Compostelle. Le dialogue met en scène une femme professeure de lettres qui a décidé d’apprendre à lire à un jeune illettré d’origine maghrébine. C’est sa première leçon, et elle lui demande s’il sait parler le français numéro 2. Devant la surprise du jeune homme, elle lui explique : « Le français numéro 1 c’est pour parler chez toi, avec tes copains, dans la rue, tout ça. Le français numéro 2, c’est pour trouver du travail, pour écrire, pour parler à la télévision. C’est le français des riches pour dire : on est mieux que les pauvres. Faut que tu l’apprennes un peu. » S’en suit alors un échange amusant sur l’emploi possible ou non de certains mots en français numéro 2, à partir de la formulation provocatrice du professeur : Il faut apprendre le français numéro 2 pour niquer ceux qui disent : on est mieux que les pauvres ».
Ce dialogue indique très justement le travail que l’école impose aux enfants. Il s’agit de passer de la langue familiale à la langue de l’école, la langue 2.

Lire la suite (PDF)

* Communication faite lors des journées d’études de la FDCMPP : « L’intranquillité de la langue et de ses interprètes », dans le cadre du Carrefour de communications cliniques : « Langue de la famille, langue de l’école », juin 2012 à Rennes.

Site réalisé par  ©